
Table des matières
- Introduction : Pourquoi le droit des affaires suisse entre dans une nouvelle ère
- Réformes juridiques clés en 2025 : Qu’est-ce qui change et pourquoi
- Fiscalité des entreprises et changements réglementaires
- Commerce transfrontalier et conformité internationale
- Mises à jour du droit du travail : Droits, obligations et nouveaux risques
- Transformation numérique : Protection des données, IA et lois sur la cybersécurité
- ESG et durabilité : Exigences légales pour les entreprises suisses
- Règlement des litiges et arbitrage dans le contexte suisse
- Statistiques clés : Application du droit des affaires et tendances en matière de conformité
- Perspectives d’avenir : Évolutions juridiques anticipées jusqu’en 2030
- Sources et références
Introduction : Pourquoi le droit des affaires suisse entre dans une nouvelle ère
Le paysage juridique des affaires en Suisse est prêt pour une transformation significative alors que le pays s’adapte aux normes mondiales en évolution, à la numérisation et aux impératifs de durabilité. Traditionnellement réputée pour sa stabilité politique, son cadre juridique robuste et son environnement favorable aux entreprises, la Suisse a longtemps attiré des multinationales et des investisseurs. Cependant, 2025 marque un point d’inflexion notable, avec de nouvelles initiatives législatives, un contrôle réglementaire accru et des demandes du marché en évolution qui entraînent une nouvelle ère de conformité juridique et de gouvernance d’entreprise.
Un catalyseur clé est l’alignement continu de la Suisse sur les normes internationales en matière de transparence, de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). La loi sur les sociétés révisée, entrée en vigueur en 2023, a introduit des modernisations des droits des actionnaires, de la représentation des sexes dans les conseils d’administration et des règles sur la rémunération des dirigeants. Ces changements reflètent l’engagement de la Suisse envers les normes mondiales de l’OCDE et les références réglementaires de l’Union européenne, garantissant que les entreprises suisses restent compétitives et conformes dans le commerce et l’investissement transfrontaliers (Secrétariat d’État suisse à l’économie).
La numérisation continue de redéfinir les opérations commerciales et les cadres juridiques. La Loi fédérale sur la protection des données (LPD), récemment révisée et applicable depuis septembre 2023, impose des réglementations plus strictes sur le traitement et le transfert des données, reflétant le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE. Les entreprises suisses doivent désormais faire face à des obligations de conformité accrues concernant la gestion des données personnelles, la cybersécurité et les flux de données transfrontaliers, une tendance qui devrait s’intensifier à mesure que la technologie progresse (Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence).
La Suisse reste un hub mondial pour les services financiers, mais le secteur fait face à une complexité juridique croissante. La Loi sur les services financiers (FinSA) et la Loi sur les institutions financières (FinIA), toutes deux en vigueur depuis 2020, continuent d’évoluer, renforçant la protection des clients et la surveillance prudentielle. En 2024, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) a intensifié l’application des règlements en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et des divulgations en matière de finance durable, avec des audits plus rigoureux attendus en 2025 et au-delà (Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers).
Les statistiques soulignent ces changements : en 2023, plus de 45 000 nouvelles entreprises ont été enregistrées en Suisse, tandis que l’investissement direct étranger est resté robuste, démontrant la confiance dans l’environnement juridique en évolution (Office fédéral de la statistique suisse). En regardant vers l’avenir, le droit des affaires suisse restera dynamique, équilibrant innovation, conformité et intégration internationale – assurant la position de leader de la Suisse dans le commerce mondial.
Réformes juridiques clés en 2025 : Qu’est-ce qui change et pourquoi
Le paysage juridique des affaires en Suisse subit des réformes significatives en 2025, reflétant les réalités économiques évolutives, les obligations internationales et les attentes sociétales. Ces changements visent à renforcer la position du pays en tant que hub commercial mondial tout en garantissant la conformité aux normes internationales et en répondant aux objectifs politiques domestiques.
Un développement majeur est la mise en œuvre continue du Code des obligations révisé, qui est entré en vigueur en partie en 2023 et qui sera affiné en 2025. Les réformes modernisent la gouvernance d’entreprise, en particulier en ce qui concerne la transparence, les droits des actionnaires et la rémunération des dirigeants. De nouvelles dispositions exigent que les grandes entreprises divulguent des informations non financières, y compris des indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), alignant ainsi le droit suisse avec la Directive de l’UE sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD). Cela entraîne des attentes de conformité plus strictes : d’ici 2025, toutes les entreprises comptant plus de 500 employés devront fournir des rapports ESG détaillés dans leurs états financiers annuels. Le non-respect peut entraîner des actions d’application par les autorités suisses et des risques réputationnels pour les entreprises (Conseil fédéral suisse).
Un autre domaine clé de réforme concerne la législation sur la lutte contre le blanchiment d’argent (AML). Suite à la pression du Groupe d’action financière (GAFI) et de l’Union européenne, la Suisse met en œuvre des obligations de diligence accrues pour les intermédiaires financiers et élargit le champ des obligations de reporting des transactions suspectes. En 2025, le seuil d’identification des propriétaires bénéficiaires dans certaines relations d’affaires sera abaissé et les fiduciaires seront désormais soumis à une supervision directe. Ces changements visent à renforcer les défenses de la Suisse contre les flux financiers illicites, avec une augmentation des audits et des sanctions en cas d’infraction (Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA).
De plus, la transformation numérique et l’innovation ont poussé à une révision de la protection des données et du droit des contrats. Avec la nouvelle Loi fédérale sur la protection des données (LPD) entièrement mise en œuvre, les entreprises doivent se conformer à des normes strictes de traitement des données et garantir la conformité au transfert de données transfrontalières. Les amendes pour violations peuvent atteindre jusqu’à 250 000 CHF, ce qui fait de la conformité une priorité absolue pour les entreprises suisses (Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence).
À l’avenir, ces réformes devraient accroître la transparence, renforcer la confiance des investisseurs et des parties prenantes, et faciliter l’intégration continue de la Suisse aux marchés internationaux. Cependant, les coûts de conformité et les charges administratives augmenteront, en particulier pour les entreprises de taille intermédiaire. Les décideurs suisses continuent de surveiller l’impact de ces réformes, avec d’autres ajustements anticipés à mesure que les normes mondiales évoluent.
Fiscalité des entreprises et changements réglementaires
Le paysage juridique des affaires en Suisse en 2025 est défini par des réformes continues de la fiscalité des entreprises et des cadres réglementaires, reflétant à la fois les priorités domestiques et les obligations internationales. Le développement le plus significatif est la mise en œuvre du taux d’imposition minimal des sociétés mondial de l’OCDE/G20, qui entre en vigueur pour les grandes entreprises multinationales ayant des revenus annuels supérieurs à 750 millions d’euros. Le gouvernement fédéral suisse a adopté la Loi sur la taxation minimale, introduisant une taxe complémentaire pour garantir que le taux d’imposition minimal effectif de 15 % soit respecté, touchant à la fois les multinationales ayant leur siège en Suisse et celles basées à l’étranger opérant dans le pays. Cette mesure vise à maintenir l’attractivité de la Suisse tout en s’alignant sur les normes internationales et en évitant les transferts de bénéfices (Département fédéral des finances).
Traditionnellement, la concurrence fiscale entre les cantons de Suisse a été un pilier de son environnement d’affaires. Cependant, avec le taux d’imposition minimum mondial, les variations cantonales deviennent moins décisives pour les grandes entreprises, bien que les PME restent soumises aux taux locaux, qui peuvent encore être très compétitifs. En 2024, le taux d’imposition sur les sociétés combiné (fédéral, cantonal et communal) pour les grandes villes variait de 11,85 % (Zug) à 21,04 % (Genève), mais pour les multinationales concernées, le taux effectif sera d’au moins 15 % à partir de 2025 (Administration fédérale des contributions).
Les exigences de conformité augmentent, avec des obligations de reporting renforcées et des dispositions anti-abus pour garantir le respect des nouvelles règles fiscales. Les entreprises suisses, en particulier celles qui relèvent des règles du Pilier Deux de l’OCDE, doivent désormais se préparer à des divulgations plus détaillées, à un reporting pays par pays et à des audits potentiels. Les autorités suisses ont publié des lignes directrices spécifiques et des règles transitoires, et soutiennent activement les entreprises dans l’adaptation de leurs processus internes (Secrétariat d’État suisse à l’économie).
Au-delà de la fiscalité, les changements réglementaires incluent un renforcement continu des lois sur la lutte contre le blanchiment d’argent (AML), la transparence des entreprises et le reporting sur la durabilité. Le Code des obligations suisse exige désormais des grandes entités d’intérêt public qu’elles rendent compte des questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), conformément aux normes de l’UE. Les agences d’application de la loi suisses augmentent leurs contrôles sur les registres de propriété bénéficiaire et les intermédiaires financiers, conformément aux recommandations du Groupe d’action financière (Conseil fédéral suisse).
- En 2025, la Suisse devrait maintenir son statut de juridiction favorable aux entreprises, mais les entreprises devront naviguer dans un paysage de conformité plus complexe.
- La mise en œuvre efficace et le suivi du taux d’imposition minimal, de la transparence et des exigences ESG seront cruciaux pour la compétitivité et la réputation de la Suisse.
- Un dialogue continu entre les régulateurs et la communauté des affaires est anticipé pour affiner les cadres et soutenir l’investissement et l’innovation durables.
Commerce transfrontalier et conformité internationale
Le cadre juridique des affaires en Suisse pour le commerce transfrontalier et la conformité internationale reste robuste et adaptatif en 2025, reflétant le rôle central de la nation dans le commerce mondial. La législation suisse est façonnée par sa position stratégique en Europe—non membre de l’UE mais étroitement intégrée à l’UE et à l’AELE—et par son engagement envers les normes internationales en matière de commerce, de lutte contre la corruption et de transparence financière.
Les instruments juridiques clés régissant le commerce transfrontalier incluent la Loi fédérale suisse sur l’application des traités internationaux, la Loi sur les douanes et des accords bilatéraux avec l’UE, qui facilitent le mouvement des marchandises tout en exigeant la conformité aux réglementations suisses et européennes. La participation de la Suisse à l’Association européenne de libre-échange (AELE) et à de nombreux accords de libre-échange contribue à réduire les tarifs et à rationaliser les procédures douanières pour les entreprises suisses.
Les dernières années ont vu une attention réglementaire accrue sur la lutte contre le blanchiment d’argent (AML), le contrôle des exportations et la conformité aux sanctions. Le gouvernement suisse met constamment à jour ses réglementations pour s’aligner sur les normes internationales évolutives fixées par des organisations telles que l’OCDE et le GAFI. En 2023, la Suisse a mis en œuvre des modifications de sa Loi sur la lutte contre le blanchiment, élargissant les obligations de diligence pour les intermédiaires financiers et certains secteurs non financiers—une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’en 2025 et au-delà (Conseil fédéral suisse).
Concernant le contrôle des exportations, le Secrétariat d’État suisse à l’économie (SECO) applique la conformité aux sanctions et embargos internationaux, en particulier en réponse aux développements géopolitiques. Depuis début 2024, la Suisse a adopté et mis en œuvre toutes les sanctions de l’UE contre la Russie, obligeant les entreprises suisses à vérifier les transactions et les partenaires commerciaux pour garantir la conformité (Secrétariat d’État à l’économie (SECO)). Ces mesures devraient rester en vigueur, avec des mises à jour réglementaires continues à prévoir dans les prochaines années.
Statistiquement, le volume du commerce transfrontalier de la Suisse reste élevé : en 2023, les exportations ont dépassé 260 milliards CHF, l’UE représentant plus de 50 % du commerce extérieur suisse (Office fédéral de la statistique suisse). Cela souligne l’importance de la conformité continue aux cadres juridiques suisses et internationaux pour les entreprises engagées dans le commerce extérieur.
En regardant vers l’avenir, les entreprises suisses devraient anticiper d’autres ajustements réglementaires dans les domaines du commerce numérique, de la protection des données et des normes ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance), alors que la Suisse s’efforce de maintenir sa réputation de hub sécurisé et attractif pour les affaires internationales. Une gestion proactive de la conformité et une surveillance des évolutions législatives seront essentielles pour les entreprises afin de réduire les risques juridiques et financiers dans les transactions transfrontalières.
Mises à jour du droit du travail : Droits, obligations et nouveaux risques
Le paysage du droit du travail en Suisse a connu des développements significatifs à l’approche de 2025, façonnés par des réformes législatives, des décisions judiciaires et des attentes évolutives sur le lieu de travail. Les relations de travail en Suisse sont principalement régies par le Code des obligations, la Loi fédérale sur le travail dans l’industrie, le commerce et l’artisanat (Loi sur le travail) et divers accords collectifs. Notamment, le cadre juridique suisse est caractérisé par sa flexibilité, mais les tendances récentes indiquent une réglementation croissante autour des protections des travailleurs et des obligations des employeurs.
Un événement majeur en 2024 a été l’approbation par le parlement suisse des amendements aux dispositions concernant le télétravail et la numérisation. Les règles révisées renforcent les obligations des employeurs d’assurer la santé et la sécurité, même pour les employés travaillant à distance. Les employeurs doivent évaluer les risques liés aux bureaux à domicile, adapter le suivi du temps de travail, et fournir l’équipement nécessaire. Ces changements reflètent la normalisation continue des arrangements de travail hybrides et à distance et devraient être pleinement appliqués en 2025 (Secrétariat d’État à l’économie (SECO)).
La Suisse a également mis à jour ses lois anti-discrimination en matière d’emploi. À compter de janvier 2025, de nouveaux règlements imposent des procédures plus rigoureuses pour prévenir et traiter le harcèlement au travail, incluant des canaux de signalement plus clairs et une formation obligatoire pour les managers. Les employeurs ne respectant pas ces obligations pourraient faire face à des pénalités plus élevées et à des conséquences réputationnelles (Office fédéral de l’égalité entre les femmes et les hommes).
Un autre domaine de réforme concerne la protection des lanceurs d’alerte. Le Conseil fédéral a proposé une nouvelle législation visant à renforcer les garanties juridiques pour les employés qui signalent des fautes, alignant ainsi les normes suisses sur la directive de l’UE sur la protection des lanceurs d’alerte. Ces règles devraient être finalisées fin 2025, et les entreprises devront établir ou adapter des systèmes de signalement internes (Office fédéral de la justice).
La conformité reste une préoccupation critique. L’inspection du travail suisse a rapporté en 2023 que 12 % des entreprises auditées avaient des violations liées aux dispositions sur le temps de travail ou la santé et la sécurité, avec une augmentation des actions d’application prévue en 2025 (Inspection du travail suisse). De plus, le Tribunal fédéral a continué de clarifier les règles sur la résiliation et l’indemnité de départ, en soulignant l’importance de procédures transparentes et de documentation (Tribunal fédéral suisse).
À l’avenir, les employeurs suisses devront se concentrer sur une gestion robuste de la conformité, des évaluations proactives des risques, notamment concernant le télétravail et l’anti-discrimination, et un suivi étroit des évolutions législatives. Avec la transformation numérique en cours et les attentes sociétales en matière d’équité, le contrôle réglementaire est susceptible de s’intensifier, faisant de la conformité au droit du travail une priorité absolue pour les entreprises opérant en Suisse.
Transformation numérique : Protection des données, IA et lois sur la cybersécurité
Le paysage juridique des affaires en Suisse en 2025 est significativement influencé par la transformation numérique en cours, avec un fort accent sur la protection des données, l’intelligence artificielle (IA) et la cybersécurité. La Loi fédérale sur la protection des données (LPD) révisée, qui est entrée en vigueur en septembre 2023, continue d’avoir un impact majeur. La LPD aligne le droit suisse plus étroitement avec le RGPD de l’UE, introduisant des exigences plus strictes pour les responsables du traitement des données, des droits individuels renforcés et des règles améliorées sur le transfert transfrontalier de données. Les entreprises suisses doivent s’assurer qu’elles respectent des obligations telles que la réalisation d’évaluations d’impact sur la protection des données, la tenue de registres des activités de traitement, et la notification des violations de données dans les 72 heures (Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence).
La montée des technologies de l’IA incite la Suisse à évaluer son cadre réglementaire. Bien qu’il n’existe pas de loi dédiée sur l’IA début 2025, le Conseil fédéral suisse a publié un rapport en novembre 2023 exposant des principes pour une IA digne de confiance et soulignant la nécessité de réglementations sectorielles et de directives éthiques. Le gouvernement surveille activement les évolutions de l’UE, telles que la loi sur l’IA de l’UE, et pourrait adapter le droit suisse en conséquence dans les années à venir. En attendant, les entreprises déployant des systèmes d’IA sont censées se conformer à la LPD et aux normes sectorielles, y compris les exigences de transparence, de responsabilité et de non-discrimination.
La cybersécurité reste une priorité majeure pour les régulateurs suisses et les entreprises. La Loi fédérale sur la sécurité de l’information (LSI), entrée en vigueur en janvier 2024, impose de nouvelles obligations aux opérateurs d’infrastructures critiques et aux autorités fédérales pour mettre en œuvre des mesures robustes de cybersécurité, réaliser régulièrement des évaluations des risques et signaler les incidents cybernétiques importants (Département fédéral de la justice et de la police). En 2023, le Centre national de cybersécurité (NCSC) a enregistré plus de 30 000 signalements d’incidents cybernétiques, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’année précédente, reflétant à la fois des menaces accrues et une amélioration des mécanismes de signalement (Centre national de cybersécurité).
- Les entreprises suisses doivent de plus en plus investir dans des programmes de conformité, la gestion des risques cybernétiques et la formation du personnel pour éviter des amendes réglementaires et des dommages réputationnels.
- Le contrôle réglementaire devrait s’intensifier, notamment en ce qui concerne les flux de données transfrontaliers et l’utilisation éthique des technologies émergentes.
- La participation active de la Suisse à la coopération internationale sur la réglementation numérique et la cybersécurité devrait se poursuivre, garantissant l’alignement sur les normes mondiales.
En regardant vers l’avenir, la transformation numérique restera un axe central du droit des affaires suisse. Les entreprises doivent anticiper des évolutions législatives continues en matière de protection des données, d’IA et de cybersécurité, avec la conformité et la transparence comme priorités critiques.
ESG et durabilité : Exigences légales pour les entreprises suisses
En 2025, la conformité en matière d’environnement, de social et de gouvernance (ESG) demeure un enjeu central du droit des affaires suisse, façonné par l’évolution des réglementations nationales et l’alignement avec les normes internationales. La Suisse a renforcé son cadre juridique pour améliorer la durabilité des entreprises, reflétant à la fois la demande du public et les attentes des investisseurs mondiaux.
Un développement marquant a été l’adoption du Code des obligations suisse révisé (CO), qui, depuis 2022, exige que les grandes entreprises suisses publient des rapports non financiers annuels. Ces rapports doivent aborder des questions environnementales (y compris les objectifs de CO2), des problèmes sociaux et employés, le respect des droits de l’homme et les efforts anti-corruption. La loi s’applique aux entreprises comptant plus de 500 employés et générant des actifs de 20 millions de CHF ou un chiffre d’affaires de 40 millions de CHF, y compris les sociétés cotées et les grandes institutions financières. Des devoirs de diligence raisonnable rigoureux et des obligations de reporting s’appliquent désormais aux entreprises exposées aux risques de travail des enfants ou se fournissant en minéraux/métaux dans des zones touchées par des conflits (Office fédéral de la justice).
La conformité aux dispositions ESG du CO suisse est supervisée par des auditeurs qui vérifient la présence des divulgations requises, bien que leur exactitude substantielle ne soit pas évaluée. En parallèle, le gouvernement suisse a introduit des exigences concernant les divulgations financières liées au climat alignées sur les recommandations du Groupe de travail sur les divulgations financières liées au climat (TCFD). Ces obligations, effectives pour les exercices financiers commençant en 2024, ciblent les grandes entreprises publiques, les banques et les assureurs, les obligeant à rendre compte des risques climatiques, des stratégies et des mesures d’atténuation (Conseil fédéral suisse).
Le contrôle réglementaire augmente : en 2023, le Conseil fédéral a chargé le Secrétariat d’État à la finance internationale d’évaluer la nécessité de réglementations ESG supplémentaires, y compris d’éventuelles obligations de diligence pour des sujets de durabilité plus larges et le renforcement potentiel des règles contre le greenwashing. Les actions d’application et les risques réputationnels devraient s’intensifier à mesure que les autorités affinent les lignes directrices et que la sensibilisation du public croît (Secrétariat d’État à la finance internationale).
- Plus de 1 200 entreprises suisses devraient être directement soumises aux exigences de reporting non financier (Office fédéral de la justice).
- La Suisse est l’un des premiers pays européens à introduire des règles contraignantes sur les divulgations climatiques pour les grandes entreprises (Conseil fédéral suisse).
À l’avenir, les entreprises suisses doivent anticiper des réglementations ESG plus strictes, avec un accent particulier sur l’impact climatique, la transparence de la chaîne d’approvisionnement et l’application des règles anti-greenwashing. Une conformité proactive, des contrôles internes efficaces et une communication transparente avec les parties prenantes seront cruciales pour la conformité légale et le positionnement compétitif sur le marché suisse et international.
Règlement des litiges et arbitrage dans le contexte suisse
La Suisse reste un hub mondial pour le règlement des litiges et l’arbitrage, grâce à son environnement juridique stable, sa neutralité et son cadre juridique bien établi. Le Code de procédure civile suisse (CPC) et la Loi fédérale sur le droit international privé (LDIP) constituent la base des mécanismes de règlement des litiges tant nationaux qu’internationaux. Ces dernières années, la Suisse a entrepris des réformes pour renforcer davantage son paysage d’arbitrage, garantissant son attractivité continue pour les parties commerciales en 2025 et au-delà.
Les développements législatifs clés incluent le chapitre 12 révisé de la Loi fédérale sur le droit international privé (LDIP), entrée en vigueur en janvier 2021. Ces révisions ont clarifié les règles procédurales et introduit une plus grande flexibilité, comme la possibilité de soumission électronique et la simplification de la contestation des sentences arbitrales devant le Tribunal fédéral suisse. Les réformes devraient renforcer la réputation de la Suisse en tant que juridiction favorable à l’arbitrage dans les années à venir.
La principale institution d’arbitrage suisse, le Centre d’arbitrage suisse, administre un nombre significatif d’affaires chaque année, avec des parties provenant de plus de 80 pays. En 2023, le Centre a signalé 82 nouvelles affaires, dont environ 75 % étaient de nature internationale. Les Règles suisses de l’arbitrage international de 2021 continuent d’être largement adoptées, promouvant l’efficacité, la confidentialité et l’autonomie des parties.
Les tribunaux suisses maintiennent une position pro-arbitrage, tendant généralement à reconnaître la validité des accords d’arbitrage et à faire respecter les sentences arbitrales conformément à la Convention de New York, à laquelle la Suisse est partie depuis 1965. La jurisprudence du Tribunal fédéral suisse démontre un seuil élevé pour l’intervention judiciaire, renforçant la position de la Suisse comme un lieu neutre et fiable pour le règlement des litiges.
En termes de conformité, les professionnels du droit suisses doivent se conformer au Code de conduite suisse pour les avocats et aux exigences définies par les associations cantonales des avocats. Les conseils internationaux participant à des arbitrages se tenant en Suisse sont également les bienvenus, reflétant l’ouverture et la culture juridique cosmopolite du pays (Association suisse des avocats).
À l’avenir, les perspectives de règlement des litiges et d’arbitrage en Suisse restent robustes. La numérisation devrait encore rationaliser les procédures, avec une adoption croissante des audiences virtuelles et du dépôt électronique. L’adaptabilité législative de la Suisse, son expertise judiciaire et sa connectivité mondiale la positionnent comme un lieu privilégié pour résoudre des litiges commerciaux transfrontaliers complexes jusqu’en 2025 et au-delà.
Statistiques clés : Application du droit des affaires et tendances en matière de conformité
Le paysage juridique des affaires en Suisse est marqué par une application robuste et une forte culture de conformité, reflétant la réputation de longue date du pays pour la certitude juridique et la stabilité économique. En 2025, plusieurs statistiques et tendances clés illustrent l’état actuel et les perspectives futures de l’application du droit des affaires et de la conformité.
- Formation et insolvabilité des entreprises : Selon les dernières données, la Suisse compte plus de 600 000 entreprises enregistrées, avec le Registre commercial fédéral suisse enregistrant environ 40 000 nouvelles créations d’entreprises chaque année. Les insolvabilités d’entreprises sont restées relativement stables, avec environ 6 000 cas d’insolvabilité signalés en 2024, reflétant une augmentation modérée après des incertitudes économiques mondiales.
- Conformité AML (Anti-Money Laundering) : La Suisse continue de renforcer son cadre AML en ligne avec les recommandations du GAFI. En 2024, les autorités de surveillance ont effectué plus de 1 000 inspections sur site des intermédiaires financiers, entraînant 220 actions d’application formelles pour non-conformité, selon l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA).
- Application du droit de la concurrence : La Commission de la concurrence (COMCO) a signalé qu’elle a ouvert 14 nouvelles enquêtes sur des pratiques anticoncurrentielles et a imposé des amendes totalisant 80 millions CHF en 2024. Notamment, des secteurs tels que la pharmacie, la construction et les services numériques demeurent sous une attention étroite.
- Gouvernance d’entreprise et exigences ESG : Suite à l’adoption du Code des obligations suisse révisé et des nouvelles exigences de divulgation ESG, plus de 1 200 sociétés cotées et grandes entités d’intérêt public sont désormais soumises à un reporting non financier obligatoire. Le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) a émis des directives pour faciliter la conformité, et les premiers rapports indiquent des taux d’adoption élevés (supérieurs à 90 %) parmi les entreprises concernées.
- Règlement des litiges : Les litiges commerciaux sont gérés efficacement par les tribunaux suisses, le Tribunal fédéral suisse traitant plus de 7 800 jugements en droit civil en 2024, dont environ 1 100 étaient liés à des affaires commerciales. La durée moyenne du contentieux commercial reste inférieure à 18 mois, soulignant l’efficacité du système.
À l’avenir, les agences d’application de la loi devraient intensifier leur attention sur la conformité AML, la concurrence numérique et la conformité ESG. L’environnement réglementaire de la Suisse est susceptible de maintenir son fort accent sur la transparence, la responsabilité et l’alignement sur les normes internationales, la plaçant comme une juridiction de premier plan pour la conformité au droit des affaires en Europe.
Perspectives d’avenir : Évolutions juridiques anticipées jusqu’en 2030
Le paysage juridique des affaires en Suisse devrait évoluer de manière significative d’ici 2030, façonné à la fois par des réformes législatives nationales et des tendances réglementaires internationales. Plusieurs thèmes majeurs devraient guider les changements, notamment les exigences de durabilité, la numérisation, la gouvernance d’entreprise et la conformité transfrontalière.
L’un des développements les plus significatifs est l’adaptation continue du droit suisse pour s’aligner sur les normes de l’Union européenne, bien que la Suisse ne soit pas membre de l’UE. Ces dernières années, la Suisse a progressivement harmonisé sa législation sur la lutte contre le blanchiment d’argent, la transparence des entreprises et la concurrence avec les directives de l’UE. Cette tendance devrait se poursuivre, notamment dans les domaines de la divulgation ESG (environnementale, sociale et de gouvernance) et de la diligence raisonnable en matière de chaîne d’approvisionnement. Le Code des obligations suisse révisé, qui est entré en vigueur en 2023 avec de nouvelles dispositions sur l’égalité des sexes et la transparence, est susceptible de servir de base à de futures mises à jour législatives tout au long de la décennie (Conseil fédéral suisse).
La numérisation sera un autre moteur de changement juridique. La Loi fédérale sur la protection des données (revFADP), qui est entrée en vigueur en septembre 2023, a rapproché le droit suisse de la protection des données du RGPD de l’UE. D’autres perfectionnements et des règles spécifiques aux secteurs sont à prévoir à mesure que les modèles économiques numériques se multiplient et que l’utilisation de l’intelligence artificielle, de la blockchain et des solutions fintech se développe dans le commerce suisse (Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence). Les entreprises doivent s’attendre à d’autres réglementations concernant la cybersécurité, l’identité numérique et les flux de données transfrontaliers.
La responsabilité et la durabilité des entreprises seront davantage mises en avant dans le cadre réglementaire. Conformément à la législation de 2022 exigeant un reporting non financier par les grandes entreprises suisses, de nouvelles obligations ou des obligations mises à jour concernant les divulgations climatiques et la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme sont attendues d’ici 2030. Le gouvernement suisse a indiqué qu’il poursuivait l’examen de ces cadres et surveillait les initiatives de l’UE telles que la Directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) pour un éventuel alignement (Secrétariat d’État à l’économie).
Les statistiques clés mettent en lumière l’environnement commercial robuste de la Suisse : en 2023, il y avait plus de 600 000 entreprises actives, le secteur des services financiers et professionnels représentant près de 10 % du PIB (Office fédéral de la statistique suisse). Cependant, de nouvelles charges de conformité, en particulier pour les PME, sont préoccupantes. Les autorités réglementaires suisses poursuivent une approche équilibrée, visant à maintenir la compétitivité tout en respectant les attentes internationales.
Dans l’ensemble, les cinq prochaines années verront la Suisse affiner son droit des affaires pour répondre aux défis mondiaux, à l’innovation numérique et à la durabilité, garantissant son attractivité continue en tant que hub commercial tout en s’adaptant aux demandes évolutives des parties prenantes et des réglementations.
Sources et références
- Secrétariat d’État suisse à l’économie
- Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence
- Office fédéral de la statistique suisse
- Département fédéral des finances
- Administration fédérale des contributions
- Office fédéral de l’égalité entre les femmes et les hommes
- Office fédéral de la justice
- Inspection du travail suisse
- Tribunal fédéral suisse
- Centre national de cybersécurité
- Secrétariat d’État à la finance internationale
- Loi fédérale sur le droit international privé (LDIP)
- Centre d’arbitrage suisse
- Association suisse des avocats
- Registre commercial fédéral suisse
- Commission de la concurrence (COMCO)